Il s’apprêtait à monter Storm lorsqu’il se sentit enserré à la taille par deux bras, tandis qu’une voix implorante ne cessait de ressasser la même psalmodie …
Se retournant lentement, affichant un regard vide et un visage plus que jamais pale, il fit face à son « offenseur » du moment …
Elle était là … pantelante … répétant inlassablement ce mot … sa couronne à moitié penchée sur sa petite tête d’écervelé …
Ah elle était belle la nouvelle noblesse … celle qui se voulait donneuse de leçon … à croire qu’il n’y avait que les nobles pour avoir le droit de juger autrui de ses actes !
Pouvait-il pardonner ? En avait-il l’envie ? La profonde blessure qu’il venait de s’infliger à la main le tenaillait vivement, lui rappelant le pourquoi de son geste.
Elle lui avait craché son venin au visage, persuadée elle-même de la profonde vérité des mots qu’elle avait employés !
Il n’avait pas su répondre tant cela l’avait affecté, lui qui avait déjà tout donné et qui ne possédait plus rien. Elle l’avait accusé des pires mots, le rendant même responsable du malaise d’Alchie …
Ce n’était pas eux qui n’étaient plus dignes d’intérêts … Ce n’était pas eux qui n’étaient plus assez bien pour lui … C’était en effet l’inverse !
Son absence avait définitivement créé cette situation pénible qui n’est autre que de constater combien on peut devenir un étranger …
C’est dépourvu de toute émotion belliqueuse qu’il s’adressa alors à un, sur un ton plus que jamais monocorde :
Votre Seigneurie doit faire erreur … Il avait franchement insisté sur le qualificatif désignant la nouvelle anoblie.
Un gueux présomptueux, nombriliste et de surcroit dédaigneux, ne saurait avoir à vous pardonner de quoi que ce soit.
Quelles que soient vos paroles, elles ne sauraient-être dénuées de bon sens. Il est certain que vous avez toute faculté à pouvoir juger de la valeur des autres.
Reprenez donc vos esprits, et rejoignez votre rang, vous n’avez rien à faire avec la lie de notre communauté.
Il lui avait osé la replacer dans ce nouveau contexte qui était désormais le sien. Et qui plus est, il l’avait vouvoyée, marquant ainsi la frontière qui désormais les séparait.
Pour en finir, il ajouta :
Vous voudrez bien excuser mon impolitesse, mais le peu de devoir qui m’incombe m’oblige à rejoindre l’escorte Royale.
Vous ne voudriez pas faire attendre le Roy ?
Il s’obligea à patienter quelques secondes afin qu’elle s’écarte, après quoi il serait obligé de salir sa robe en le faisant lui-même de ses propres mains tâchées de sang …